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CHAPITRE XXXIV.

d’une femmelette regrettant ses parfums, ses robes de pourpre et ses bijoux d’or. Mais Plutarque ne prétend pas, tant s’en faut, que les ouvrages de Philistus fussent sans valeur. Philistus, d’après Cicéron et Quintilien, était un écrivain habile, et qui rappelait quelquefois Thucydide. Son style avait de la concision et de l’énergie. Il est probable que son Histoire de Sicile était d’une lecture tout à la fois instructive et attrayante. Mais les livres de Philistus sur les deux Denys, écrits par un des complices de leur tyrannie, ne pouvaient être que des apologies passionnées, et non pas des compositions dignes du beau nom d’histoires.


Théopompe.


Théopompe de Chios, disciple d’Isocrate, après avoir été longtemps orateur, selon l’expression de Quintilien, ou, comme nous dirions, rhéteur et sophiste, se fit le continuateur de Thucydide, l’abréviateur d’Hérodote, et composa en outre une histoire universelle de son temps, sous le titre de Philippiques, à cause du rôle qu’avaient joué dans la Grèce Philippe et les Macédoniens. Polybe est sévère pour ce dernier ouvrage. Il accuse formellement Théopompe d’avoir calomnié les mœurs et le caractère du père d’Alexandre, et d’en avoir fait un tyran abominable après l’avoir annoncé d’abord comme le plus grand des héros. Théopompe se vantait d’être le premier historien grec qui eût su écrire. Il est certain que Xénophon, encore moins Hérodote et Thucydide, n’écrivait pas à la manière d’Isocrate. Mais on est en droit de penser que les Helléniques de Théopompe feraient une assez triste figure à la suite de la Guerre du Péloponnèse ; que son abrégé d’Hérodote ne servirait qu’à faire admirer davantage les Muses ; que ses Philippiques même, en dépit de leur beau style, n’étaient pas un chef-d’œuvre. Un historien qui songe tant à ses phrases a en général peu de zèle pour la vérité, et cherche bien plus à faire montre de son talent qu’à éclairer et à instruire. Théopompe a pu ne pas démériter d’Isocrate ; mais il ne pouvait être et il n’a été qu’un historien suspect, un brillant sophisticateur de faits et de caractères, un faiseur de narrations plutôt qu’un historien.