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COMÉDIE MOYENNE.

ne garantissait pas, ce semble, la loi portée dans l’intérêt des hommes d’État, et que les gouvernants du jour s’inquiétaient assez peu de voir livrer aux risées populaires. En définitive, la Comédie moyenne ne fut guère que la Comédie ancienne accommodée aux exigences de la loi, et vacillant d’essais en essais sans jamais s’arrêter à une forme déterminée qu’on puisse regarder comme le type d’un genre véritable.


Poëtes de la Comédie moyenne.


Les poëtes de la Comédie moyenne dont on a relevé les noms et dont on possède des fragments sont extrêmement nombreux. Mais les critiques alexandrins n’en ont placé que deux dans la liste des classiques, Antiphane et Alexis. Antiphane était un Rhodien établi à Athènes. Alexis y était venu de la colonie athénienne de Thuries. La vie de ces deux poëtes est à peu près complètement inconnue. On sait seulement qu’ils avaient été l’un et l’autre d’une fécondité presque miraculeuse. On attribuait à Antiphane deux cent quatre-vingts comédies, à Alexis deux cent quarante-cinq. À en juger par les fragments qu’on a recueillis, ces comédies n’étaient pourtant pas écrites dans un style négligé. Le vers ïambique y est construit d’après des règles aussi sévères pour le moins que dans les comédies d’Aristophane. Il est vrai que la diction n’a rien retenu, ou presque rien, de ce qui était propre à la poésie ; mais Antiphane et Alexis sont poëtes par le choix exquis des termes, par l’art avec lequel ils les placent, par la vivacité des tours, par la grâce et le piquant des images.


Antiphane.


Antiphane excellait à peindre d’un trait les vérités morales. Il dit, en parlant de la vieillesse : « Elle est l’autel des maux ; c’est là qu’on les voit tous chercher asile. » Il dit, en parlant de la vie : « Elle ressemble bien fort au vin ; quand il n’en reste que quelques gouttes, elle devient vinaigre. » Ce poëte