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COMÉDIE NOUVELLE.

Sophron étaient des imitations fidèles de la réalité, comme l’indique leur nom même, et comme nous en pouvons juger encore en lisant tel poëme où Théocrite a pris Sophron pour modèle. Mais ces mimes n’étaient point, à proprement dire, des comédies. Il n’y avait pas de nœud général, pas d’action. C’étaient des scènes qui se suivaient sans lien nécessaire, sans préparation, et par un effet du hasard. D’ailleurs, ils n’étaient pas susceptibles d’être mis au théâtre, et ils n’étaient faits que pour la lecture ou la récitation.

J’ajoute que les admirables dialogues de Platon fournissaient aux poëtes comiques, plus encore que les mimes de Sophron, plus encore que les tragédies d’Euripide, des modèles parfaits de style dramatique. Ces chefs-d’œuvre montraient sans cesse à leurs yeux tout ce qu’on pouvait donner aux fictions comiques de vérité, de vraisemblance, d’énergie et de grâce. Il est assez étrange qu’aucun critique n’en ait jamais fait la remarque, et qu’il faille aujourd’hui revendiquer pour Platon une part dans l’enfantement de cet art nouveau qui faisait dire plus tard avec quelque apparence de raison, sinon sans recherche : « O vie, et toi Ménandre ! lequel de vous a imité l’autre ? »


Poëtes de la Comédie nouvelle.


Ménandre, qui réussit le premier avec éclat dans la Comédie nouvelle, était né à Athènes en 342, et il mourut en 290, à cinquante-deux ans. Ses succès attirèrent dans les mêmes voies une foule de poëtes, parmi lesquels les Alexandrins en ont particulièrement distingué jusqu’à quatre, mais dont un seul, Philémon de Soles en Cilicie, balança, peu s’en faut, sa renommée. Philémon eut une carrière plus longue que Ménandre, et lui survécut près de trente ans.

On attribuait à Ménandre quatre-vingts pièces, et environ cent cinquante à Philémon. Les trois autres classiques, Philippide, Diphile et Apollodore, le cédaient à l’un et à l’autre en fécondité comme en mérite, malgré leur talent et malgré le nombre considérable encore de leurs comédies.