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LITTÉRATURE ALEXANDRINE.

ordinaires ; et l’on en trouve, dans la pièce traduite, d’aussi étranges que ceux qui remplissent l’Alexandra. Nul ne sait encore ce que c’est que les rochers Latmiens ; il faut des Tzetzès pour nous faire comprendre ce que le poëte a voulu dire quand il parle de la progéniture de Thia, de Zéphyritis, etc. ; et l’on est fort étonné d’apprendre qu’il s’agit tout simplement ou du soleil, ou de Vénus, ou de telle autre chose non moins connue. La Chevelure, qui sait l’histoire et la géographie comme un professeur du Musée, rappelle que les Mèdes, avec le fer, ont percé le mont Athos ; puis elle s’écrie : « Que peuvent faire des cheveux, quand de telles masses cèdent au fer ? » Puis elle fait une imprécation contre les Chalybes, c’est-à-dire contre les inventeurs du fer, toujours à propos des ciseaux qui l’ont fait tomber de la tête de Bérénice. Il est assez difficile de pousser plus loin l’oubli du bon sens et du bon goût, et il faudrait être Lycophron pour y parvenir.

Les Épigrammes de Callimaque sont souvent d’une obscurité impénétrable, par suite des mêmes défauts. Quelques-unes néanmoins sont suffisamment lisibles et ne manquent pas de grâce. Telle est, par exemple, celle où Callimaque représente Pittacus conseillant un jeune homme sur le mariage, et l’engageant à choisir dans sa condition et non point au-dessus.

Les Hymnes de Callimaque ne valent pas ses Épigrammes. Cléanthe invoquait, sous le nom de Jupiter, le vrai dieu du monde et de l’humanité ; il exprimait des idées, des doctrines ; il tirait ses accents du fond même de son âme. Callimaque reprend froidement les thèmes mythologiques, et conte, sans y croire, les aventures de Jupiter, de Cérès ou d’Apollon. Ce que les Homérides faisaient avec une piété naïve, il le fait pour montrer qu’aucun talent poétique ne lui est étranger, et pour étaler devant les amateurs toute cette érudition dont il n’avait pu donner ailleurs que des échantillons incomplets. Les six poëmes prétendus religieux qui nous restent de Callimaque ne sont guère qu’une accumulation de mythes peu connus, de noms et d’épithètes moins connus encore ; et, malgré certains morceaux bril-