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CHAPITRE XLIII. PLUTARQUE.

que fort jeune, à quelques négociations avec les villes voisines. Bientôt après il se maria. C’est à Chéronée qu’il passa sa vie presque tout entière. Il mettait sa gloire et son patriotisme à empêcher par sa présence, comme il le dit naïvement lui-même, que cette ville, qui n’avait jamais été bien importante, ne s’amoindrît encore, et à faire jouir ses concitoyens de l’estime et de la faveur dont il était l’objet. Il vint pourtant à Rome à plusieurs reprises, et il y donna, sur divers sujets de philosophie, de littérature et d’érudition, des leçons publiques, qui furent la première origine et la première occasion des nombreux traités qui composent ce qu’on appelle les Morales. Tout ce qu’il y avait d’illustres personnages dans Rome assistait à ces leçons ; et c’est là ce qui a pu faire dire que Trajan, presque aussi âgé que Plutarque, avait eu Plutarque pour maître. Plutarque parlait à ses auditeurs romains non point dans leur langue, mais dans la sienne. Le grec était un idiome qu’entendaient parfaitement tous les gens lettrés de l’Italie. D’ailleurs Plutarque n’a jamais su le latin assez bien pour le parler. Il nous dit lui-même, dans la Vie de Démosthène, qu’il n’avait pas eu le temps, durant son séjour en Italie, de se livrer à une étude approfondie de cette langue, à cause des affaires publiques dont il était chargé, et de la quantité de gens qui venaient tous les jours s’entretenir avec lui de philosophie. Il ne commença à étudier fructueusement les auteurs latins que fort tard, quand il se mit à écrire ses Vies comparées des hommes illustres de la Grèce et de Rome.

On ne connaît pas l’année de sa mort ; mais l’opinion la plus probable est qu’il mourut quelque temps avant la fin de règne d’Adrien, à l’âge de soixante-douze ou soixante-quinze ans.


Génie de Plutarque.


De tous les écrivains de l’antiquité classique, Plutarque est sans contredit le plus populaire parmi nous. Il doit cette popularité à la nature de son génie, au choix des sujets qu’il a traités, surtout à l’éternel intérêt qui s’attache au souvenir