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PLUTARQUE.

vous contente davantage et vous paye mieulx ; il nous guide, l’aultre nous poulse. » Montaigne, qui ne lisait Plutarque que dans Amyot, croyait comme Amyot que Plutarque avait été précepteur de Trajan et avait joué un rôle en politique. Sauf ce trait, le parallèle est juste ; et Plutarque moraliste y est admirablement caractérisé.


Style de Plutarque.


Je ne dois pas dissimuler que la diction de Plutarque est loin d’être digne de celle des anciens maîtres. Plutarque a subi, autant et plus que personne, la fatale influence du siècle où il vivait. Sa langue n’est plus celle de Platon, de Xénophon, de Thucydide. Il n’a pas même essayé, comme ceux qu’on appelle atticistes, d’en retrouver les secrets. Il prend ses termes de toute main ; il se teint des couleurs de tous les écrivains dont il reproduit les pensées, peu soucieux d’effacer les disparates et d’adoucir les tons criards. Rien de fondu, rien d’achevé ; nulle conformité, nulle règle, nulle mesure. Sa façon d’écrire est plus aiguë, dit Jacques Amyot dans son expressif langage, plus docte et pressée, que claire, polie ou aisée. Dacier compare ce style à ces anciens bâtiments dont les pierres ne sont ni polies ni bien arrangées, mais bien assises, et ont plus de solidité que de grâce et ressentent plus la nature que l’art.



CHAPITRE XLIV.

STOÏCIENS NOUVEAUX.


Caractère du stoïcisme au temps des Antonins. — Épictète. — Arrien. — Marc-Aurèle.

Caractère du stoïcisme au temps des Antonins.


Le génie romain s’accommodait médiocrement des spéculations métaphysiques sur lesquelles les premiers stoïciens