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CHAPITRE XLVI.

fiques monuments, dont quelques restes subsistent encore de nos jours. Hérode Atticus était un improvisateur plutôt qu’un écrivain ; et c’est par des déclamations qu’il s’était fait sa grande renommée. On peut croire qu’en sa qualité d’Athénien, il se piquait d’une pureté de diction irréprochable. Du moins le peu qu’il avait écrit, ses Dissertations et ses Éphémérides, se recommandait par cette qualité, sinon par l’originalité des idées. Ces deux ouvrages ont péri. La déclamation sur le Gouvernement, qui porte son nom, est trop vide de bon sens et écrite avec trop peu de goût, pour qu’on puisse l’attribuer à un homme qui fut doué de talents politiques, qui avait pratiqué les affaires, et qui passait pour un continuateur des bonnes traditions oratoires.


Élius Aristide.


Nous possédons un grand nombre de discours d’Élius Aristide, disciple d’Hérode Atticus ; et ces ouvrages sont d’un grand intérêt pour l’histoire de la décadence du paganisme. Aristide était un païen fervent, et même une sorte d’illuminé. Il était Bithynien de nation. Après de longs voyages, il se fixa à Smyrne, et il y remplit jusqu’à sa mort les fonctions de prêtre d’Esculape. Smyrne ayant été renversée en 178 par un tremblement de terre, il détermina Marc-Aurèle à la rebâtir. Aristide ne fut guère moins célèbre que son maître : les contemporains n’hésitaient pas à le mettre au premier rang des orateurs. Je n’ai pas besoin de dire qu’il n’a rien de commun avec Démosthène. C’est un déclamateur habile et un écrivain châtié ; il imite assez heureusement les antiques modèles ; il traite les lieux communs de morale avec une véritable supériorité. Mais ce style élégant et clair, ces idées empruntées à tout le monde, tout cet art et tout cet esprit ne constituent, en somme, que des œuvres d’un genre faux, fade et ennuyeux, sinon, comme je l’ai déjà dit, aux yeux de ceux qui étudient l’état moral des âmes durant cette période extraordinaire. On sent, dans les écrits d’Aristide, l’influence des prédications chrétiennes. Ainsi il adresse aux Smyrnéens un discours contre l’usage des représentations