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CHAPITRE XLVIII. PHILOSOPHES ALEXANDRINS.


Iamblique le philosophe.


Iamblique, disciple de Porphyre, balança la réputation de son maître, et celle de Plotin même. C’était un Syrien, comme son homonyme Iamblique le romancier, comme son maître Porphyre. Il enseigna dans Alexandrie, et non point à Rome. Il mourut en l’an 333. Ce fut un mystique dans toute l’acception du terme. Il mêla à la philosophie la magie et les pratiques théurgiques, c’est-à-dire certains actes par lesquels il prétendait établir une communication directe entre Dieu et l’homme, ou entre l’homme et les êtres divins nommés démons. Ce qui reste de ses écrits n’est pas de nature à donner une haute idée de ses talents littéraires ; ou du moins Iamblique semble avoir pris à tâche de se distinguer de Porphyre, non-seulement en se séparant de lui sur divers points de doctrine, mais en affectant une sorte de mépris pour tout ce qui tient à l’art de la composition et au travail de la forme. Il est vrai que nous ne possédons aucun de ses grands ouvrages. Le livre des Mystères égyptiens n’est, selon les critiques, qu’une compilation d’école, rédigée par les disciples d’Iamblique, et non par Iamblique lui-même. La Vie de Pythagore est un écrit sans méthode, où les idées les plus disparates hurlent de se voir accouplées, et dont le style n’est guère plus satisfaisant que l’ordonnance. Mais les fragments de quelques autres écrits montrent une érudition plus sûre, plus de bon sens, et même quelque chose de ce génie que les contemporains admiraient dans celui qu’ils qualifiaient d’homme merveilleux et d’homme très-divin. Il n’est pas jusqu’à cet étrange chaos des Mystères égyptiens, où l’on ne puisse trouver, à côté des rêves les plus extravagants, plus d’une idée profonde et lumineuse, qui fait honneur au maître dont les enseignements l’ont fournie. Après avoir exposé ce qu’il est permis de connaître et de deviner des doctrines particulières à Iamblique, l’auteur de l’Histoire critique remarque que l’activité spéculative de l’école d’Alexandrie s’arrête à ce philosophe : « L’œuvre de création, dit M. Vacherot, est consommée ; la polémique et le commentaire vont lui succéder. »