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CHAPITRE L. ÉCOLE D’ATHÈNES.

brouillard qui est sur mes yeux, afin que je distingue sans peine le dieu immortel et l’homme. Qu’un pernicieux démon ne me retienne pas éternellement loin des bienheureux, sous les courants profonds de l’oubli. Qu’un châtiment funeste n’enchaîne pas dans les liens de la vie mon âme tremblante au sein des flots de l’humanité glacée, mon âme qui ne veut plus errer ainsi désormais. Mais exaucez-moi, dieux guides de la sagesse resplendissante. Je fais effort pour gagner la voie qui conduit vers vous : révélez-moi les mystères, et les initiations des paroles sacrées. »

Le seul défaut qu’on puisse reprocher aux vers de Proclus, c’est un peu de redondance dans les épithètes, et la répétition trop fréquente des mêmes idées et des mêmes mots.


Successeurs de Proclus.


Proclus laissa après lui l’école d’Athènes assez florissante. Marinus, qui lui succéda comme lui-même avait succédé à Syrianus, était un homme de quelque talent et un philosophe distingué. Nous n’avons de lui qu’une Vie de Proclus, ouvrage intéressant quoique fort médiocre ; mais nous savons qu’il avait composé des traités estimés sur plusieurs points importants de la science. Damascius, qui était un écrivain élégant, et dont l’imagination enthousiaste s’était éprise d’une vive passion pour les doctrines particulières à Iamblique, se sépara plus d’une fois de Proclus son maître. C’est ce que nous apprend Simplicius, l’excellent commentateur d’Aristote et d’Épictète. Simplicius et Damascius étaient dans tout l’éclat de leur renommée quand Justinien, en l’an 529, ordonna de fermer les écoles de philosophie. Ils se réfugièrent, avec quelques-uns de leurs disciples, auprès du roi de Perse Chosroès. Ils rentrèrent plus tard dans l’empire ; mais ils furent impuissants à y ranimer le foyer éteint de la civilisation païenne.