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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/6

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II
PRÉFACE.

des bornes étroites. Je serais grandement empêché, je l’avoue, s’il me fallait exprimer une opinion quelconque sur le mérite scientifique d’Archimède, d’Apollonius de Perge ou de Claude Ptolémée. Si j’ai négligé les écrivains du Bas-Empire, c’est que le génie et même le talent leur ont fait défaut, et que pas un d’eux n’est arrivé à une véritable notoriété littéraire. Il n’importe pas beaucoup au lecteur que je l’aide à se charger la mémoire des noms obscurs de Théophylacte Simocatta, de Théodore Prodrome ou de vingt autres.

La littérature grecque proprement dite finit avec Proclus et l’école d’Athènes. Il reste toujours une période de quinze siècles entre l’apparition de l’Illiade et l’édit de Justinien qui rendit muets les derniers échos de l’Académie et du Lycée. Les Pères de l’Église, surtout ceux du quatrième siècle, avaient droit de revendiquer pour eux-mêmes une place considérable. Les Basile, les Chrysostome, par exemple, ne sont pas moins grands par le génie littéraire que par leurs travaux dans l’œuvre de la transformation du monde. Mais je ne me suis point hasardé à manquer de respect à ces hommes vénérés. Je me suis abstenu de tracer d’imparfaites et superficielles esquisses, pour ne pas défigurer leurs images. Et puis la littérature sacrée a son caractère propre, ses origines particulières, sa filiation, son développement : c’est pour elle-même qu’il la faut étudier ; elle a son histoire, et cette histoire est certes bien autre chose qu’un appendice à l’histoire de la littérature profane.

C’est dans la littérature profane que je me suis confiné ; c’est d’elle uniquement que j’ai entrepris de raconter les vicissitudes. Tâche immense et difficile encore, et où j’ai apporté plus de bonne volonté et d’ardeur que d’espé-