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HOMÈRE.

rares exceptions, au texte que nous possédons aujourd’hui. La plupart des dissidences s’expliquent suffisamment par l’existence des éditions diverses et des variantes, et aussi par ces lapsus de mémoire si fréquents chez ceux qui citent sans se donner la peine de recourir aux originaux. Tel vers d’Homère, cité deux fois par Aristote, n’est point dans Homère, ou n’y est pas tel qu’il le cite : c’est à coup sûr une variante de son édition, car Aristote n’était point de ceux qui citent à la légère ; mais je n’affirmerais pas que ce fût autre chose qu’une distraction, si la citation était chez tout autre, chez Xénophon ou chez Platon même.


Travaux des critiques alexandrins.


Les dernières récensions d’Homère, dans l’antiquité, furent celles des critiques alexandrins du temps des Ptolémées. Zénodote, Aristophane de Byzance et Aristarque sont célèbres. Ces savants hommes ne firent subir au texte aucun remaniement considérable ; mais, ce qui les distingua des autres diorthuntes, ce sont leurs commentaires sur le texte, commentaires où étaient consignés leurs doutes, leurs opinions particulières, les corrections qu’ils proposaient mais qu’ils n’avaient osé opérer dans la copie même. On connaît assez bien le détail de leurs travaux depuis la découverte et la publication des Scholies de Venise, faite au dernier siècle par le philologue français d’Ansse de Villoison. C’est à eux aussi qu’on doit la détermination des auteurs véritables de la plupart des poëmes faussement attribués à Homère, tels que la Batrachomyomachie, les épopées cycliques, les Hymnes, etc. Ces Alexandrins excellaient dans la connaissance de la langue et des antiquités. On peut adopter sans scrupule tous les résultats de leurs investigations historiques ; et il est probable que l’Homère qu’ils nous ont légué est le plus pur grammaticalement, le plus vrai, le plus authentique qu’on ait jamais possédé depuis Solon et Pisistrate.

Je me garderai bien de faire le même éloge de la partie littéraire de leur travail. Ils étaient de leur siècle, c’est-à-dire d’un siècle de beaux esprits et de savants. Leur goût se