Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/19

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Qui mouille chaque phrase, et par son lénitif
Des consonnes, détruit le frottement rétif.

Ici l’M, à son tour, sur ses trois pieds chemine,
Et l’N à ses cotés sur deux pieds se dandine ;
L’M à mugir s’amuse, et meurt en s’enfermant,
L’N au fond de mon nez s’enfuit en résonnant ;
L’M aime à murmurer, l’N à nier s’obstine ;
L’N est propre à narguer, l’M est souvent mutine ;
L’M au milieu des mots marche avec majesté,
L’N unit la noblesse à la nécessité.

La bouche s’arrondit lorsque 1’O doit éclore,
Et par force, on déploie un organe sonore,
Lorsque l’étonnement, conçu dans le cerveau,
Se provoque à sortir par cet accent nouveau.
Le cercle lui donna sa forme originale,
Il convient à l’orbite aussi bien qu’à l’ovale ;
On ne saurait l’ôter lorsqu’il s’agit d’ouvrir,
Et sitôt qu’il ordonne il se fait obéir.

Le P plus pétulant à son poste se presse :
Malgré sa promptitude il tient à la paresse ;
Il précède la peine, et prévient le plaisir,
Même quand il pardonne, il parvient à punir ;