Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/20

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Il tient le premier rang dans le doux nom de père,
Il présente aux mortels le pain, si nécessaire !
Le poinçon et le pieu, la pique et le poignard,
De leur pointe, avec lui, percent de part en part ;
Et des poings et des pieds il fait un double usage,
Il surprend la pudeur et la peur au passage.
Là, de son propre poids il pèse sur les mots ;
Plus loin, il peint, il pleure et se plaît aux propos :
Mais c’est à bien pousser que son pouvoir s’attache,
Et pour céder à l’F il se fond avec l’H.

Enfin du P parti je n’entends plus les pas,
Le Q traînant sa queue, et querellant tout bas,
Vient s’attaquer à l’U qu’à chaque instant il choque,
Et sur le ton du K calque son ton baroque.

L’R en roulant, approche et tournant à souhait,
Reproduit le bruit sourd du rapide rouet ;
Elle rend, d’un seul trait, le fracas du tonnerre,
La course d’un torrent, le cours d’une rivière ;
Et d’un ruisseau qui fuit sous les saules épars,
Elle promène en paix les tranquilles écarts.
Voyez-vous l’Eridan, la Loire, la Garonne,
L’Euphrate, la Dordogne et le Rhin et le Rhône ;