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ma paroisse ? Je ne le crois pas ; mais j’avoue que le dimanche, à part la satisfaction que donne l’accomplissement d’un devoir, j’y assiste volontiers aux offices, qui y sont célébrés d’une façon très digne et fort bien entendue.

L’usage à Lille est de faire accompagner les voix par un ou deux ophi-barytons, car tel est le nom le plus convenable à l’instrument muni de clefs qui a remplacé avec avantage l’ophidien traditionnel ; cependant, par la force de l’habitude, la dénomination de serpent a prévalu. Cet instrument vulgairement ridiculisé est joué avec beaucoup de goût, à St-Étienne. J’en causais dernièrement avec un paroissien de la Madeleine qui m’a de suite fait l’éloge de son serpent. Je le crois volontiers ; il n’y a pas de raison pour que Lille ne possède pas plusieurs serpentistes de talent.

On adjoint souvent aussi et avec raison la contrebasse à cordes aux serpents. St-Étienne a de plus, chose assez inusitée, un sax-horn alto pour accompagner les enfants de chœur ; mais l’accompagnement le plus varié en instruments est celui de l’église Ste-Catherine, où j’ai remarqué le jour de Noël un serpent basse, un autre qui donne la quinte, une contrebasse à cordes, un basson, et enfin un trombone à coulisse ; le serpent et la contrebasse, surtout le premier, se mêlent parfaitement à la voix des chantres, mais le basson et le trombone, qui sont véritablement à l’orchestre, l’un la vraie basse des instruments à vent en bois, l’autre la vraie basse des cuivres, ne conviennent pas comme basses d’un ensemble vocal. On s’est déjà bien trouvé de faire accompagner des voix d’hommes par un quatuor de trombones, mais un seul trombone isolé ne se fond nullement avec le chœur, et par la nature de son timbre mordant fait bande à part, ce qui est de mauvais effet.

Je disais tout à l’heure qu’ici on ne s’en tenait pas purement et simplement au plain-chant : à l’appui de ce que j’a-