Page:Pilard - Deux mois à Lille par un professeur de musique, 1867.djvu/27

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vance, et sans sortir de Ste-Catherine, je rappellerai la cérémonie qui eut lieu dernièrement dans cette église à propos de l’œuvre des Missions étrangères, et à laquelle M. de Vogelsang, amateur distingué, M. Paul Martin, violoniste, Mlle Mezerai, harpiste du théâtre, avaient apporté leur concours ; là on a pu apprécier quelle justesse, quel ensemble, quel fini de phrasé Mlle Beauclair, le professeur de chant que Lille doit être fier de posséder, sait donner à son petit peloton d’élèves du Conservatoire.

Mais ceci ne me suffit pas ; je voudrais, les jours des grandes fêtes de l’Église catholique, entendre exécuter quelques belles messes avec orchestre de Cherubini ou de Lesueur, et les ressources instrumentales et vocales dont Lille dispose le permettraient facilement ; à part le culte que l’art en recevrait, quand même ces cérémonies imposantes n’auraient d’autre but que de faire venir trois ou quatre fois par an à l’église des personnes qui n’y mettent jamais le pied, où serait le mal ? Tout le monde, malheureusement, ne possède pas en soi la force ascensionnelle nécessaire pour élever son âme vers le ciel ; à beaucoup de nous il faut un excitant qui tombe sous nos sens ; or, quel plus noble stimulant que la musique ? Soit qu’elle éclate en fanfares d’allégresse dans un Te Deum, ou que dans un Requiem de Mozart elle rappelle à ceux qui ont pu l’oublier le grand jour de la justice, la musique peut être pour la religion un puissant auxiliaire, de même qu’elle est l’agent le plus actif de la moralisation.