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la muse à Paris


De grande dame errante et quelque peu bohème,
Elle était bien de ces femmes par qui l’on aime,
Par qui l’on vit.

Par qui l’on vit. Par qui l’on meurt.

Par qui l’on vit. Par qui l’on meurt.Mais, se levant :
Laisse-là ton drageoir, dit-elle, ô mon fervent !
Pourquoi feindre ? Je suis ton rêve, ta maîtresse
Et ta Muse. Je suis l’immortelle prêtresse
De l’Univers, je suis fille des anciens dieux,
Et c’est pour t’inspirer que j’ai quitté les cieux :
Tout amour chante en moi ! Je suis la sainte Muse,
J’ai plus de six mille ans, et j’ai régné dans Suse,
Ecbatane et Memphis ; je suis femme, je suis
Prince, je suis soldat, et, dans les pâles nuits,
Je suis l’étoile pure, et, dans les aubes blanches,
Les rayons du soleil me caressent les hanches,
Je suis l’orbe sacré, je suis le monde et toi,
Je suis le divin Pan, poète, écoute-moi :

Je suis vieille comme l’espace
Où, vaguement, flottaient les dieux,
Et puis dire à l’astre qui passe :
J’ai vu briller tes premiers feux,