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perles noires


J’en étais amoureux ! Amoureux ? tout poète
A, selon les bourgeois, un peu perdu la tête
Et je n’échappe pas à cette vieille loi.
J’aimais… un nom ! Mais pour offrir mon cœur, ma foi,
Ma fortune et ma lyre à la princesse hellène
Il me fallait la voir ; comment ? Déjà la chaîne
Du blond fils de Vénus semblait lourde à mes bras.

 Une inspiration me sortit d’embarras.
Sans plus tarder, je pris un drageoir renaissance
Et deux anciens anneaux : pour faire connaissance
Je dirai que je suis marchand d’antiquités.
................
 La princesse lisait, et mes yeux enchantés
Regardaient : ô bonheur ! elle lisait mon livre,
Oui, « Lyres et Clairons » ! Tremblant comme un homme ivre,
Je me sentais brûler, j’adorais Erato.
Des vierges de Lesbos elle avait le manteau
Et la couronne d’or, mais son étroite robe,
Lui serrant les genoux à la dernière mode,
Venait certainement de chez le couturier
En renom. Conservant un air aventurier