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 Ils espéraient trouver les splendeurs d’autres mondes…
— Hélas ! le vent du nord brise les papillons,
Et, brusquement saisis dans les froids tourbillons,
Ils décrivent, lassés, d’interminables rondes.

 Sur le chemin bordé de hêtres rougissants,
Leurs ailes vont rouler avec les feuilles sèches,
Où les derniers soleils, jetant mille flammèches,
Allument chaque soir des feux éblouissants.

 C’est l’heure inexorable où meurt le poitrinaire,
Dont les acres vapeurs corrodent les poumons,
Et l’Angelus lointain semble un glas mortuaire
Accompagnant le chœur chanté par les démons.

 Car si le ciel défend les trop ardentes fièvres,
Les phthisiques mourants brulés par les amours,
Plus que tous ont vécu dans leurs printemps trop courts,
Plus que tous ont senti des hymnes sur leurs lèvres.

 Mais auprès de Satan, peut-être le damné
Sous les brillants arceaux où se tordent des flammes,
Errant désespéré, rencontre-t-il des âmes
Qui furent Cléopâtre, Aspasie et Phryné !