Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/111

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Laissons à ceux qui sont chargés de veiller sur les mœurs, le soin de faire entendre les vérités dures ; leur voix ne s’adresse qu’à la multitude ; mais on ne corrige les particuliers qu’en leur prouvant de l’intérêt pour eux, et en ménageant leur amour-propre.

Quelle est donc l’espèce de dissimulation permise, ou plutôt quel est le milieu qui sépare la fausseté vile de la sincérité offensante ? ce sont les égards réciproques. Ils forment le lien de la société, et naissent du sentiment de ses propres imperfections, et du besoin qu’on a d’indulgence pour soi-même. On ne doit ni offenser, ni tromper les hommes.

Il semble que dans l’éducation des gens du monde, on les suppose incapables de vertus, et qu’ils auroient à rougir de se montrer tels qu’ils sont. On ne leur recommande qu’une fausseté qu’on appelle politesse. Ne diroit-on pas qu’un masque est un remède à la laideur, parce qu’il peut la cacher dans quelques instans ?

La politesse d’usage n’est qu’un jargon fade, plein d’expressions exagérées, aussi vides de sens que de sentiment.

La politesse, dit-on, marque cependant l’homme de naissance ; les plus grands sont les plus polis. J’avoue que cette politesse est le premier signe de la hauteur, un rempart contre la familia-