Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/119

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avides de louanges, souvent offertes par des protégés qu’ils méprisent, semblables à Vespasien, qui ne trouvoit pas que l’argent de l’impôt levé sur les immondices de Rome eût rien d’infect. L’adulation la plus outrée est la plus sûre de plaire : une louange fine et délicate fait honneur à l’esprit de celui qui la donne ; un éloge exagéré fait plaisir à celui qui le reçoit, il prend l’exagération pour l’expression propre, et pense que les grandes vérités ne peuvent se dire avec finesse.

L’adulation même, dont l’excès se fait sentir, produit encore son effet. Je sais que tu me flattes, disoit quelqu’un, mais tu ne m’en plais pas moins.

Ce ridicule commerce de louanges a tellement prévalu, que dans mille occasions il est devenu de règle, d’obligation, et semble faire un article de législation ; comme si les hommes étoient essentiellement louables. Qui que ce soit n’est revêtu de la moindre charge, que son installation ne soit accompagnée de complimens sur sa grande capacité ; de sorte que cela ne signifie plus rien.

Les louanges sont mises aujourd’hui au rang des contes de fées ; on ne doit donc pas les regarder précisément comme des mensonges, puisque leurs auteurs n’ont pas supposé qu’on