Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/138

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décriée aujourd’hui que dans le siècle passé ; encore voit-on des gens suspects, à cet égard, qui n’en sont pas moins accueillis d’ailleurs. La seule justice qu’on en fasse, est d’employer beaucoup de politesses et de détours pour se dispenser de jouer avec eux ; cela ressemble moins au mépris qu’à la prudence. Mais un homme du monde, qui est irréprochable par cet endroit et par la valeur, est homme d’honneur décidé. Quoiqu’il fasse profession d’être de vos amis, n’ayez rien à démêler avec lui sur l’intérêt, l’ambition ou l’amour-propre. S’il craint seulement d’user son crédit, il vous manquera sans scrupule dans une occasion essentielle, et ne sera blâmé de personne. Vous vous croyez en droit de lui faire des reproches ; mais il en est plus surpris que confus : il reste homme d’honneur. Il ne conçoit pas que vous ayez pu regarder comme un engagement de simples propos de politesse ; car cette politesse, si recommandée, sauve bien des bassesses ; on seroit trop heureux qu’elle ne couvrît que des platitudes.

Il y a, à la vérité, telle action si blâmable, que l’interprétation ne sauroit en être équivoque. Un homme d’un caractère leste trouve encore alors le secret de n’être pas déshonoré, s’il a le courage d’être le premier à la publier, et de plaisanter ceux qui seroient tentés de le blâmer. On