Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/140

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respect pour les principes, même quand ils ne les violent pas. Ils ignorent qu’indépendamment des actions, la légèreté de leurs propos, les sentimens qu’ils laissent apercevoir, sont des exemples qu’ils donnent. Le bas peuple n’ayant aucun principe, faute d’éducation, n’a d’autre frein que la crainte, et d’autre guide que l’imitation. C’est dans l’état mitoyen que la probité est encore le plus en honneur.

Le relâchement des mœurs n’empêche pas qu’on ne vante beaucoup l’honneur et la vertu ; ceux qui en ont le moins, savent combien il leur importe que les autres en aient. On auroit rougi autrefois d’avancer de certaines maximes, si on les eût contredites par ses actions : les discours formoient un préjugé favorable sur les sentimens. Aujourd’hui les discours tirent si peu à conséquence, qu’on pourroit quelquefois dire d’un homme qu’il a de la probité, quoiqu’il en fasse l’éloge. Cependant les discours honnêtes peuvent toujours être utiles à la société ; mais on ne se fait vraiment honneur, et l’on ne se rend digne de les tenir que par sa conduite. C’est un engagement de plus, et l’on ne doit pas craindre d’en prendre, quand il est avantageux de les remplir.

On prétend qu’il a régné autrefois parmi nous un fanatisme d’honneur, et l’on rapporte cette