Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/202

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savent à quoi l’attribuer ; et cette obscurité de causes, on l’interprète toujours à son avantage.

Telles sont les fortunes qu’on peut appeler ridicules, et qui l’étoient encore plus autrefois qu’aujourd’hui, par le contraste de la personne et du faste déplacé.

D’ailleurs, la fortune de finance n’étoit guère alors qu’une loterie ; au lieu qu’elle est devenue un art, ou tout au moins un jeu mêlé d’adresse et de hasard.

Les financiers prétendent que leur administration est une belle machine. Je ne doute pas qu’elle n’ait beaucoup de ressorts dont la multiplicité en cache le jeu au public ; mais elle est encore bien loin d’être une science. Il faut que dans tous les temps elle ait été une énigme ; car les historiens ne parlent guère de cette partie du gouvernement si importante dans tous les états. La raison n’en seroit pas impossible à trouver ; mais je ne veux pas trop m’écarter de mon sujet.

Quoi qu’il en soit, si la finance prenoit jamais la forme qu’elle pourroit avoir, pourquoi seroit-elle méprisée ? L’état doit avoir des revenus ; il faut qu’il y ait des citoyens chargés de la perception, et qu’ils y trouvent des avantages, pourvu que ces avantages soient limités, comme ceux des autres professions, suivant le degré de tra-