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de la considération. Cela sera honteux, si l’on veut ; mais cela doit être, parce que les hommes sont plus conséquens dans leurs mœurs que dans leurs jugemens.

On comprend ordinairement dans le monde parmi les financiers, une autre classe de gens riches, qui prétendent avec raison devoir en être distingués. Ce sont les commerçans, hommes estimables, nécessaires à l’état, qui ne s’enrichissent qu’en procurant l’abondance, en excitant une industrie honorable, et dont les richesses prouvent les services. On ne les rencontre pas dans la société aussi communément que les financiers, parce que les affaires les occupent, et ne leur permettent pas de perdre un temps dont ils connoissent le prix, pour des amusemens frivoles, dont le goût vient autant de l’habitude que de l’oisiveté, et qui, sous le nom de plaisirs, causent l’ennui aussi souvent qu’ils le dissipent.

Les commerçans sont donc plus occupés que les financiers. Quoique le commerce ait sa méthode comme la finance, celle-ci se simplifie en s’éclaircissant, et tout l’art des fripons est de l’embrouiller. La science du commerce est moins compliquée et mieux ordonnée, moins obscure, mais plus étendue, et s’étend encore plus en se perfectionnant. L’application de ses principes exige une attention suivie, de nou-