Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/48

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propre. Quels que soient leurs principes sur le goût, ils en ont du moins fourni des modèles ».

Aux Considérations sur le Goût succède un récit de la révolution qui a placé Catherine II sur le trône de Russie. Nous ne dissimulerons pas que cet ouvrage perd beaucoup de son intérêt à paroître après celui de Rulhière, auquel il est peut-être antérieur pour la composition ; mais, comme ils renferment tous deux exactement les mêmes faits, les mêmes particularités, ils serviront à se confirmer l’un l’autre. Au reste, ils diffèrent par la dimension et par la manière. Celui de Duclos n’est que de douze pages, et il est écrit du style des Mémoires secrets’. C’est promettre au moins une lecture piquante. Immédiatement après la narration de Duclos, se trouve une longue lettre où l’impératrice elle-même raconte l’événement à un correspondant dont on ignore le nom et la qualité. Ce n’est certainement point dans une semblable pièce qu’il faut aller chercher la vérité sur cette singulière catastrophe ; mais il est curieux de voir jusqu’à quel point Catherine daigne mentir pour en colorer les circonstances un peu atroces.

La seconde moitié du volume est remplie par des morceaux et des matériaux historiques, des anecdotes, des particularités, des détails d’étiquette et de généalogie, des extraits de dépêches, des bons mots et des réflexions morales, plus ou moins développées, qui devoient peut-être entrer dans une nouvelle édition des Considérations sur les Mœurs, ou dans quel qu’autre ouvrage de ce genre. Nous ne sommes pas dans la même incertitude relativement aux morceaux et aux matériaux historiques. Ceux-ci devoient incontestablement servir à la continuation des Mémoires Secrets, et ceux-là en faisoient très-certainement partie ; ils en ont été retranchés par Duclos pour des motifs que nous ne devinons pas : nous en avons une preuve sans réplique. En tête de l’exemplaire de M. de Vauxcelles, dont nous avons déjà parlé, on lit ces mots : « Je cherche en vain ici certains endroits que Duclos m’avoit lus, tels que celui des domestiques de Louis XIV. Il remontoit jusqu’à ceux de Henri IV, et donnoit la date de Beringhem, comme celle de Bontemps et de Quentin ». Cet endroit même, tel qu’il est ici désigné, se trouve parmi les fragmens historiques de notre tome dixième, et quoique très