Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/92

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des autres ; l’intérêt commun les rapproche.

Les plaisirs produisent le même effet à Paris ; tous ceux qui se plaisent se conviennent, avec cette différence que l’égalité, qui est un bien quand elle part d’un principe du gouvernement, est un très-grand mal quand elle ne vient que des mœurs, parce que cela n’arrive jamais que par leur corruption.

Le grand défaut du François est d’avoir toujours le caractère jeune ; par là il est souvent aimable, et rarement sûr : il n’a presque point d’âge mûr, et passe de la jeunesse à la caducité. Nos talens dans tous les genres s’annoncent de bonne heure : on les néglige long-temps par dissipation, et à peine commence-t-on à vouloir en faire usage, que leur temps est passé. Il y a peu d’hommes parmi nous qui puissent s’appuyer de l’expérience.

Oserai-je faire une remarque, qui peut-être n’est pas aussi sûre qu’elle me le paroît ? mais il me semble que ceux de nos talens qui demandent de l’exécution, ne vont pas ordinairement jusqu’à soixante ans dans toute leur force. Nous ne réussissons jamais mieux dans quelque carrière que ce puisse être, que dans l’âge mitoyen, qui est très-court, et plutôt encore dans la jeunesse que dans un âge trop avancé. Si nous formions de bonne heure notre esprit à la ré-