Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/93

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flexion, et je crois cette éducation possible, nous serions sans contredit la première des nations, puisque, malgré nos défauts, il n’y en a point qu’on puisse nous préférer : peut-être même pourrions-nous tirer avantage de la jalousie de plusieurs peuples : on ne jalouse que ses supérieurs. À l’égard de ceux qui se préfèrent naïvement à nous, c’est parce qu’ils n’ont pas encore de droit à la jalousie.

D’un autre côté, le commun des François croit que c’est un mérite de l’être : avec un tel sentiment, que leur manque-t-il pour être patriotes ? Je ne parle point de ceux qui n’estiment que les étrangers. On n’affecte de mépriser sa nation que pour ne pas reconnoître ses supérieurs ou ses rivaux trop près de soi.

Les hommes de mérite, de quelque nation qu’ils soient, n’en forment qu’une entr’eux. Ils sont exempts d’une vanité nationale et puérile ; ils la laissent au vulgaire, à ceux qui, n’ayant, point de gloire personnelle, sont réduits à se prévaloir de celle de leurs compatriotes.

On ne doit donc se permettre aucun parallèle injurieux et téméraire ; mais s’il est permis de remarquer les défauts de sa nation, il est de devoir d’en relever le mérite, et le François en a un distinctif.

C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent