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LES CONFESSIONS


DU


COMTE DE ***,


ÉCRITES PAR LUI-MÊME A UN AMI.




SECONDE PARTIE.


Malgré l’extrême dissipation qui m’emportoit, je ne laissois pas de me faire des amis : j’en ai dû quelques-uns aux plaisirs ; mais je puis dire que je les ai conservés par mon caractère. Le goût pour des maîtresses doit être subordonné aux devoirs de l’amitié, on y doit être plus fidèle qu’en amour ; et, lorsque j’ai voulu juger du caractère d’un homme que je n’ai pas eu le temps d’étudier, je me suis toujours informé s’il avoit conservé ses anciens amis. Il est rare que cette règle-là nous trompe. Je n’en ai jamais perdu qu’un par une aventure assez singulière pour qu’elle mérite d’être rapportée.

Senecé étoit un de ceux avec qui je n’étois lié