Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/14

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étoit insinuant, poli, et un peu mon complaisant. Il trouva grâce devant les yeux de la favorite de ma mère ; tout en conduisant mon éducation, il commença par faire un enfant à cette femme de chambre, et finit par l’épouser. Ma mère leur fit un établissement dont je profitai ; car je fus maître de mes actions dans l’âge où un gouverneur seroit le plus nécessaire, si cette profession étoit assez honorée pour qu’il s’en trouvât de bons.

On va voir, par l’usage que je fis bientôt de ma liberté, si je méritois bien d’en jouir. Je fus mis à l’académie pour faire mes exercices ; lorsque je fus près d’en sortir, une de mes parentes, qui avoit une espèce d’autorité sur moi, vint m’y prendre un jour pour me mener à la campagne chez une dame de ses amies. J’y fus très-bien reçu : on aime naturellement les jeunes gens, et les femmes aiment à leur procurer l’occasion et la facilité de faire voir leurs sentimens. Je me prêtai sans peine à leurs questions ; ma vivacité leur plut, et, m’apercevant que je les amusois par le feu de mes idées, je m’y livrai encore plus. Le lendemain, quelques femmes de Paris arrivèrent, les unes avec leurs maris, les autres avec leurs amans, et quelques-unes avec tous les deux.

La marquise de Valcourt, qui n’étoit plus dans