Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/148

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son malheur. Si cette crainte, leur dis-je à tous deux, est l’unique obstacle qui s’oppose à votre union, je me charge de votre fortune. Dans ce moment, Julie me fit des remercîmens si vifs des bontés qu’elle disoit que j’avois déjà eus pour sa mère et pour elle, que je vis clairement qu’elle étoit encore plus reconnoissante des offres que je faisois à son amant. Il me dit que les bontés que je lui marquois, lui seroient encore plus précieuses, si elles pouvoient l’attacher à moi, et qu’il y sacrifieroit son emploi. Tous les trois me firent les mêmes protestations. Je fis mon arrangement sur l’idée qu’ils m’offroient. La plus grande partie de mes biens est en Bretagne, où j’ai des terres considérables. La dissipation où je vivois à Paris, ne me permettoit guère de veiller moi-même à mes affaires, et ceux qui en étoient chargés en province, s’en acquittoient fort mal. Je leur demandai s’ils n’auroient point de peine à aller vivre dans mes terres, où je leur ferois un parti assez avantageux, et où ils auroient soin de mes affaires. Le jeune homme m’assura que le lieu le plus heureux pour lui seroit celui où il vivroit avec Julie, et qu’il préféreroit à tous les emplois le bonheur de m’être attaché. Julie et sa mère me firent voir les mêmes sentimens. Peu de jours après, j’unis Julie avec son amant. J’obtins pour eux un emploi considérable, qu’ils pou-