Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/161

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l’amitié ; accordez m’en l’aveu, il ne servira qu’à m’attacher encore plus inviolablement. Madame de Selve parut interdite, et soupira au lieu de me répondre. Je ne voulus pas lui donner le temps de se remettre, je crus devoir profiter de l’instant. Je la pressai de nouveau, je me jetai à ses genoux, et lui fis les protestations les plus vives. Je crains bien, me dit-elle, de vous avoir plus instruit de mes sentimens par ma conduite avec vous, que toutes les paroles que vous exigez ne le pourroient faire. Je ne cherche point à vous cacher mon âme. J’ai senti pour vous l’intérêt le plus tendre avant que je m’en fusse aperçue. Je ne suis plus en état de combattre un penchant qui m’a entraînée ; peut-être même n’en aurois-je ni la force, ni la volonté. Vous voyez jusqu’où va ma confiance : puissiez-vous ne m’en pas faire repentir ! Je fus si charmé d’entendre ce que j’avois si ardemment désiré, que je fis éclater ma reconnoissance par les transports les plus vifs. Je la rassurai sur ses craintes, et lui jurai une constance éternelle. J’étois libre de disposer de ma main, je la lui offris pour garant de ma sincérité. Ce ne seroit pas, me dit-elle, les sermens ni les lois qui pourroient me répondre de votre fidélité. Ma félicité ne dépendroit pas de vous être attachée par des nœuds qui ne sont indissolubles que