Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/162

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par ce qu’ils sont forcés, ce n’est que votre cœur qui peut me satisfaire. Je ne refuse cependant pas l’offre que vous me faites ; nos états se conviennent, et je voudrois imaginer des nœuds nouveaux pour m’unir encore plus étroitement avec vous. Mais, quoique je sois maîtresse de ma conduite, je ne le suis pas par mon âge de disposer librement de ma main. Ceux à qui la loi donne encore quelqu’autorité sur moi à cet égard, ont d’autres vues intéressées qui nous feroient peut-être essuyer quelques contradictions de leur part. Je puis vous assurer que je rendrai leurs desseins inutiles ; mais il faut que nous différions encore quelque temps. Il ne convient ni à vous, ni à moi, de prendre devant le public que des engagemens absolument libres de tous obstacles. Jusque-là j’aurai le temps d’éprouver votre cœur, et notre union n’en aura que plus de charmes pour nous.

J’approuvai le parti que madame de Selve me proposoit, je consentis à tout ce qu’elle voulut. Quelques désirs que j’eusse de la posséder, je n’avois d’autre volonté que la sienne. Je vivois avec elle dans cette espérance, et, quoique je désirasse encore, j’étois dans une situation des plus heureuses que j’aie éprouvées de ma vie.

Je goûtois avec madame de Selve tous les charmes d’un amour pur : c’est l’état le plus