Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

per ses craintes que je trouvois injurieuses pour moi ; je l’assurai d’une constance inviolable. Je lui jurai qu’aussitôt qu’elle voudroit me donner la main, nous serrerions par le sceau de la loi et de la foi publique, les nœuds formés par l’amour. La vivacité de mes caresses appuyoit mes sermens. Madame de Selve se calma et me dit, en m’embrassant tendrement, qu’elle ne se reprocheroit jamais d’avoir tout sacrifie à mes désirs tant qu’elle seroit sûre de mon cœur, dont la fidélité ou l’inconstance la rendroit la plus heureuse ou la plus malheureuse des femmes. Mes sermens, mes transports et l’amour dissipèrent toutes ses craintes ; j’obtins mon pardon, et nous le scellâmes par les mêmes caresses qui, un moment auparavant, m’avoient rendu criminel, et qui deviennent également innocentes et délicieuses quand deux amans les partagent. État heureux où les désirs satisfaits renaissent d’eux mêmes ! Je passai encore quelques jours avec madame de Selve dans des plaisirs inexprimables. Il fallut enfin partir, et notre séparation fut d’autant plus cruelle que nous étions plus heureux.

Le bruit de guerre qui s’étoit répandu, ne servit qu’à rendre la paix plus assurée, et la campagne se borna à un camp de paix.

Je revins à Paris plus amoureux que je n’en