Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/19

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lorsque vous avez une fois commencé, vous ne finissez point.

Je lui promis de m’arrêter quand elle en seroit importunée, et, son silence m’autorisant, je la baisai, je touchai sa gorge avec des plaisirs ravissans. Mes désirs l’enflammoient de plus en plus, la marquise par un tendre silence autorisoit toutes mes actions ; enfin, parcourant toute sa personne à mon gré, et, voyant que l’on n’apportoit aucun obstacle à mes désirs, je me précipitai sur elle avec toute la vivacité de mon âge, qui étoit plus de son goût que l’amour le plus tendre. Je craignis aussitôt sa colère ; mais je fus rasuré par un regard languissant de la marquise, qui m’embrassa avec une nouvelle ardeur. Ce fut alors que je me livrai à l’ivresse du plaisir ; nous ne l’interrompîmes que pour nous mettre à table. Le souper fut court ; je ne laissai pas à la marquise le temps de me parler sentiment, et je crois qu’elle n’eut pas celui d’y penser. Dès le lendemain un de ses gens m’apporta la lettre la plus passionnée. Cette attention me surprit ; je croyois qu’elle n’avoit été imaginée que pour moi. Je sentis que j’y devois répondre ; je crois que ma lettre devoit être assez ridicule ; la marquise la trouva charmante. Pendant les premiers jours je n’étois occupé que de ma bonne fortune, et du plaisir d’avoir une femme