Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/51

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de l’amour ; le signor Carle me conduisit à la première gondole. Que j’aimois mon amant ! je me reprochois le peu d’amour que je lui avois témoigné, je désirois de le revoir pour le rassurer. J’allai chez la signora Baldi ; je voulois avoir fait une visite que je pusse avouer à mon mari. J’arrivai chez elle au milieu d’une nombreuse compagnie, tout le monde me parut ébloui de ma beauté ; le bonheur de l’amour répand l’éclat et la sérénité sur tous les traits. Mon amant me devint plus cher que ma vie ; l’amour nous fit rechercher de nouveaux rendez-vous, et nous les fit trouver. Tout ce que l’amour inspire aux amans, tout ce que les plaisirs peuvent procurer, nous l’avons mis en pratique avec un succès toujours nouveau. Hélas ! il ne m’en reste que les regrets ; il est parti, et je ne puis soutenir l’idée de ne le voir jamais. J’ai reçu de ses nouvelles ; mais les foibles plaisirs que les lettres procurent, ne servent qu’à faire regretter un état plus heureux. Les amans qui m’obsèdent, ne font qu’irriter mes peines, et ne peuvent effacer Carle de mon âme. Adieu, ma chère amie, plaignez et aimez-moi ».

J’étois dans toute la vivacité de mon intrigue avec la signora Marcella, lorsqu’on apprit à Venise la mort du roi. Je reçus ordre en même