Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/74

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res, appelées communément petites maisons, s’introduisit à Paris par des amans qui étoient obligés de garder des mesures, et d’observer le mystère pour se voir, et par ceux qui vouloient avoir un asile pour faire des parties de débauche qu’ils auroient craint de faire dans des maisons publiques et dangereuses, et qu’ils auroient rougi de faire chez eux.

Telle fut l’origine des petites maisons qui se multiplièrent dans la suite, et cessèrent d’être des asiles pour le mystère. On les eut d’abord pour dérober ses affaires au public ; mais bientôt plusieurs ne les prirent que pour faire croire celles qu’ils n’avoient pas. On ne les passoit même qu’à des gens d’un rang supérieur : cela fit encore que plusieurs en prirent par air. Elles sont enfin devenues si communes et si publiques, qu’il y a des extrémités de faubourgs qui y sont absolument consacrées. On sait tous ceux qui les ont occupées ; les maîtres en sont connus, et ils y mettront bientôt leur marbre. Il est vrai que, depuis qu’elles ont cessé d’être secrètes, elles ont cessé d’être indécentes ; mais aussi elles ont cessé d’être nécessaires. Une petite maison n’est aujourd’hui pour bien des gens qu’un faux air, et un lieu où, pour paroître chercher le plaisir, ils vont s’ennuyer secrètement un peu plus qu’ils ne feroient en restant