Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/83

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lement promettre, pour la forme, de me sacrifier Varennes ; mais, loin de me tenir parole, elle lui associa un jeune homme de robe, sans compter les passades qu’elle regardoit comme choses qui ne tiroient pas à conséquence. L’aventure de Varennes avoit éteint l’espèce d’amour naissant que je sentois pour madame de Vignolles : les autres achevèrent de me la faire mépriser. Cependant, comme elle étoit devenue nécessaire à mon amusement, je n’aurois pu me résoudre à la quitter, s’il m’avoit été possible de ne la voir qu’en secret ; mais c’étoit précisément ce qu’elle ne prétendoit pas, parce que j’étois l’amant de représentation.

Il ne se passoit guère de jour que je n’entendisse raconter quelques-unes de ses aventures, ou rapporter le détail de quelque nouveau ridicule qu’elle s’étoit donné. L’esprit seul n’en a jamais garanti ; celui de madame de Vignolles ne lui servoit qu’à s’en faire accabler. J’avois, outre cela, la mortification de voir qu’aucune femme ne vouloit aller avec elle. Celles mêmes qui avoient un amant déclaré, croyoient satisfaire le public en la méprisant, au point de refuser jusqu’aux parties de spectacles qu’elle leur proposoit ; ainsi, elle se trouvoit réduite à n’aller que dans les maisons ouvertes, où elle vouloit absolument que je la suivisse. On partage le ridicule