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ÉLECTION DU CONGRÈS NATIONAL

À lui seul appartenait de définir et d’accomplir sa tâche avec l’indépendance qui découlait de sa souveraineté.

Le Congrès devait se composer de deux cents membres et d’autant de suppléants. Les élections eurent lieu le 3 novembre. Pour y prendre part, il fallait être âgé d’au moins vingt-cinq ans, exercer certaines professions libérales ou payer le cens, proportionnel à la richesse présumée des localités, fixé par les règlements hollandais. Le minimum dans les campagnes en était de treize florins ; le maximum dans les grandes villes, de cent-cinquante. Il y eut en tout 46,099 électeurs inscrits dont les deux tiers, soit 30,000 environ, firent usage de leur droit, chiffre très élevé si l’on tient compte des mœurs politiques de l’époque et de la situation troublée du pays. Un grand nombre des abstentions doit être attribué aux Orangistes, soit qu’ils aient craint de se compromettre en prenant part au vote, soit qu’ils aient voulu protester contre lui en restant chez eux.

Les opérations électorales se passèrent dans le calme le plus complet. Fidèles au principe de l’union, les partis s’abstinrent de lutter l’un contre l’autre et leurs candidats figurèrent souvent côte à côte sur la même liste. Très souvent même, les électeurs ne purent savoir à quelle opinion ils appartenaient, tous se réclamant du même programme de liberté nationale. Aucune condition d’éligibilité n’ayant été fixée, il était loisible à chacun de solliciter un mandat. En fait, les électeurs n’eurent à choisir que parmi des candidats que leur condition sociale, leurs fonctions, leur expérience et leur notoriété locale recommandaient à leur choix. Tel qu’il fut composé, le Congrès apparaît nettement comme une assemblée de propriétaires et de membres des professions libérales, bref, pour employer l’expression courante, comme une assemblée bourgeoise. On y relève 45 nobles, 34 membres des ex-États-Généraux, 13 propriétaires, 38 avocats, 13 prêtres, 21 magistrats, 13 bourgmestres et échevins, 3 professeurs d’université, 1 journaliste, 14 négociants. Les villes nommèrent surtout des membres-du barreau et des professions libérales. Le petit nombre des industriels s’explique peut-être par le fait que plusieurs d’entre eux