Elle la reconnut par son protocole du 20 décembre. C’était reconnaître en même temps le principe de la souveraineté nationale dont cette indépendance se réclamait. De même que la création du royaume des Pays-Bas avait été en 1815 la manifestation la plus caractéristique de la réaction contre le droit des peuples, de même sa dissolution en 1830 attesta le recul de la politique monarchique et légitimiste de la Sainte-Alliance. Une ère nouvelle s’ouvrait dont la révolution belge fut le prélude.
Mais par cela même que le protocole du 20 décembre avait
une signification plus haute, il importait de l’entourer de plus
de garanties pour en assurer la durée et l’accommoder à l’équilibre
européen. Comment s’y prendre afin de conserver à la
Belgique, ce point sensible de l’Occident, l’indépendance qu’elle
venait de conquérir, mais qu’elle serait évidemment incapable
de protéger contre les convoitises, les ambitions ou les agressions
de ses voisins dont elle avait été depuis tant de siècles
le champ de bataille ? Le problème était d’autant plus délicat
que chacune des Puissances se réservait d’interpréter à sa
manière la déclaration à laquelle les circonstances l’avaient
acculée. Bien des difficultés restaient à vaincre, bien des
intrigues à déjouer, avant que l’œuvre fût achevée et que la
Belgique reçût enfin le statut qui devait placer sa nationalité
restaurée sous la sauvegarde de l’Europe.