Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour confuse qu’elle soit encore, la situation du pays vers cette époque, laisse pourtant percevoir qu’elle tend à évoluer dans le sens de l’industrie. La métallurgie des provinces wallonnes prélude dès lors à cette orientation nouvelle. En 1846, le ministre de France écrit que celle de Liège n’a jamais été aussi florissante et que « les ateliers ne suffisent pas à l’établissement de Seraing, qui vient de recevoir la commande de cent locomotives pour l’Autriche »[1]. La même année, le 14 juin, le chemin de fer de Bruxelles à Paris était inauguré. Et au réseau construit aux frais de l’État commençaient à se relier des lignes secondaires établies par des compagnies. Rassurés sur l’avenir de la Belgique, les capitalistes anglais sollicitaient des concessions. Dès 1845, ils obtenaient celle du chemin de fer de l’Entre-Sambre-et-Meuse. La même année, les Chambres approuvaient la création des embranchements de Tournai à Jurbise, d’Ans à Hasselt, de Louvain à la Sambre, de Liège à Namur, de Mons à Manage, d’Ath à Termonde, de Courtrai à Ypres, ainsi que de la ligne du Luxembourg. Le trafic grandissait au point qu’en 1844 on réclamait l’établissement de doubles voies sur toutes les grandes lignes. Le pays maintenait énergiquement l’avance qu’il avait prise sur ses voisins du continent, qui lui faisaient l’honneur d’appeler ses ingénieurs à les faire profiter de leur expérience.


II


L’union des catholiques et des libéraux de 1828 à 1830 avait été une alliance révolutionnaire ; elle s’était maintenue de 1830 à 1839 comme une nécessité de salut public. L’accord des partis était complet quant au régime constitutionnel qui

  1. Archives du Ministère des Affaires Étrangères à Paris. Correspondance politique : Belgique, t. XXIV, p. 126.