vers la Flandre Zélandaise, la libre circulation sur les rivières, la construction d’une route vers l’Allemagne à travers le Limbourg. À titre d’intervention dans la liquidation des dettes des Pays-Bas, la Belgique était astreinte au paiement d’une rente de 8.800.000 florins. Les Puissances la soumettaient enfin au régime de la neutralité perpétuelle sous leur garantie.
Pour les Belges, c’était tomber de haut. Fallait-il donc se résigner à abandonner ces « frères » des régions limbourgeoises et luxembourgeoises que le traité des XVIII articles donnait la possibilité de conserver à la patrie commune ? Mais que faire sinon courber la tête ? Comment oser encore parler de guerre sans se couvrir de honte ? Sur qui compter d’ailleurs en cas de refus ? En France, les républicains se taisaient et le gouvernement se ralliait aux décisions de l’Europe. On se voyait acculé à l’inévitable. Les Chambres, à peine réunies, allaient débuter dans la vie politique en expiant les fautes du Congrès. Elles se résignèrent à sanctionner les résultats de la défaite dont elles n’étaient pas plus responsables que le roi. Le 1er novembre, la Chambre des Représentants ratifiait le traité des XXIV articles ; le Sénat faisait de même deux jours plus tard. Le 15, Sylvain van de Weyer en signait le texte à Londres avec les plénipotentiaires des cinq cours représentées à la Conférence.
Elles avaient compté sur l’adhésion de Guillaume. Mais conséquent avec lui-même, il repoussa un arrangement si différent des bases de séparation acceptées par lui au mois de février et auxquelles il avait résolu de se tenir. L’idée de reconnaître l’indépendance des Belges qu’il venait de battre, était insupportable à l’orgueil de cet entêté. Il ne parlait de leur roi qu’en l’appelant « le Léopold » ou « Monsieur Léopold », et il avouait que son gosier se refusait à prononcer le nom de Belgique[1]. Au reste il se sentait encouragé par la sympathie
- ↑ Gedenkstukken, loc. cit., t. III, pp. 494, 539, 405. Au mois d’avril 1832, Léopold ayant fait envoyer en Hollande des tableaux appartenant à Guillaume qui se trouvaient au château de Laeken, celui-ci les renvoya avec une lettre déclarant que son intention n’était pas de recevoir « une partie de ses effets qu’on semblait vouloir déplacer ». Ibid., p. 273. Pour lui, Léopold n’était qu’un « préfet français ». Ibid., p. 494.