Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évacuer le dit territoire » moyennant le désir exprimé par le roi des Belges.

Le 2 novembre, le gouvernement belge donnait l’engagement qu’on lui demandait. Nul n’ignorait que Guillaume refuserait le sien. Il ne restait qu’à sacrifier à son entêtement le commerce hollandais et la garnison d’Anvers. Les représailles maritimes entrèrent en vigueur le 5 novembre. Le 15, un corps français aux ordres du maréchal Gérard franchissait la frontière belge.

Le siège d’Anvers commença le 19. Pour bien souligner le caractère européen de l’intervention de la France, il avait été décidé que les troupes belges n’agiraient pas si les Hollandais s’abstenaient de les attaquer. Elles assistèrent en spectateurs aux opérations. Décidé à s’épargner jusqu’aux apparences d’un conflit avec la France, Guillaume avait imposé la même attitude à ses forces massées dans le Brabant septentrional. Le vieux général Chassé était donc condamné à une lutte sans espoir pour le prestige du roi. Le siège d’Anvers ne fut en réalité qu’une cruelle parade d’amour-propre. De commun accord on s’entendit pour épargner la ville. Les Français n’attaquèrent la citadelle que par l’extérieur, et Chassé s’abstint dès lors d’infliger à la population un nouveau bombardement. Le 23 décembre, après une très vigoureuse défense, il signait une capitulation permettant à ses troupes, qui furent internées en France, de sortir de la forteresse avec les honneurs de la guerre. Quelques jours après, Gérard évacuait la Belgique, laissant en possession de Guillaume les forts de Lillo et de Liefkenshoek qui, ne se trouvant pas sous le commandement de Chassé, n’avaient pu être compris dans la capitulation[1].

L’irritation provoquée en Hollande par les mesures maritimes auxquelles l’obstination du roi avait contraint la France et l’Angleterre de recourir, obligea bientôt celui-ci à faire un pas en arrière. Le 21 mai 1833, il se résignait à signer une convention avec les plénipotentiaires des Puissances, par la-

  1. A. Martinet, La seconde intervention française et le siège d’Anvers (Bruxelles, 1908).