Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/60

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La malveillance prussienne trouvait d’autre part des occasions ou des prétextes de se manifester dans l’intérêt passionné avec lequel les catholiques belges suivaient les péripéties qui mettaient aux prises, dans les provinces rhénanes, le cabinet de Berlin avec l’Église. Leur presse applaudissait bruyamment aux revendications de leurs coreligionnaires demandant la « liberté comme en Belgique ». Des paroles imprudentes étaient reprochées aux autorités ecclésiastiques. Von Arnim, le ministre prussien à Bruxelles, accusait le clergé belge de vouloir fomenter une révolution en Allemagne. Les rêveries de Bartels, de de Potter et de ses amis sur la constitution d’une fédération républicaine de la Belgique et de la Rhénanie lui semblaient l’indice d’un complot démagogique, et il dénonçait Bruxelles comme « le point de réunion des révolutionnaires et des réfugiés politiques de tous les pays ». La violente campagne des journaux catholiques lors de l’arrestation, en 1837, de l’archevêque de Cologne, Mgr. Droste von Vischering, contre l’absolutisme prussien, déchaînait par contre-coup la presse protestante contre la Belgique. Le ministère était assailli de remontrances et, pour la première fois, obligé de répondre par un non-possumus constitutionnel aux demandes de refréner la liberté de la presse et de la parole[1]. Et à cela s’ajoutaient les déclamations de Maurice Arndt et des patriotes germaniques contre l’abominable révolution qui avait arraché à l’Allemagne, grâce aux intrigues de la France, un pays sur lequel elle possédait des droits historiques et que le caractère teutonique de la langue flamande l’obligeait à revendiquer comme sien[2].

L’Autriche n’était guère mieux disposée que la Prusse. En 1832, elle n’avait pas encore daigné envoyer un ministre à Bruxelles et Léopold se plaignait à Metternich de « l’interdit que l’on a mis sur la Belgique »[3]. Il n’eut pas à se féliciter

  1. L. Schwahn, Die Beziehungen der katholischen Rheinlande and Belgiens in den Jahren 1830-1840 (Strasbourg, 1914) ; H. Schörs, Rheinische Katholiken und belgische Parteien zur Zeit der Kölner Wirren. (Annalen des historischen Vereins für den Niederrhein, 1926).
  2. Voy. entre autres la brochure d’Arndt, Belgien und was daran hängt (Leipzig, 1834).
  3. A. De Ridder, dans Revue catholique des idées et des faits, 7e an., no 28, p. 3.