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nécessiteux du parti[1], mais il semble bien que ces secours ne durèrent plus longtemps. L’heure de la liquidation avait sonné.

Au fond, c’est le peuple qui, par son indifférence, avait amené l’échec des républicains, qui provoqua aussi, par sa résistance, celui des Orangistes. Il fit la sourde oreille aux excitations des uns et s’insurgea contre les machinations des autres, si bien qu’en définitive il affermit et stabilisa le régime né de la révolution. La bourgeoisie libérale et le clergé avaient triomphé grâce à lui en 1830 : c’est grâce à lui aussi qu’ils purent édifier la Belgique moderne.


III


Le 26 juillet 1831, cinq jours après son inauguration, Léopold Ier convoquait le corps électoral pour le 29 août. L’invasion du pays ne fit rien changer à ces dispositions. Les élections eurent lieu à la date fixée, et le 8 septembre s’ouvrait à Bruxelles la première session du Parlement belge.

Le Sénat et la Chambre des Représentants s’étaient réunis en séance plénière pour entendre le discours du Trône. La simplicité voulue de ses termes, sans cacher la gravité des circonstances, affirmait la confiance du roi dans l’avenir. Une sobre allusion à la malheureuse campagne des dix jours – « événement récent dont on s’est trop exagéré les conséquences » – y faisait mieux ressortir la netteté de cette déclaration destinée, moins peut-être à rassurer la nation qu’à l’édifier sur l’énergie et l’activité de son chef : « Dans peu de jours la Belgique aura une armée qui, s’il le fallait de nouveau, ralliée autour de son roi, saurait défendre avec honneur, avec succès, l’indépendance et les droits de la patrie ». Le Parlement était exhorté à ne point refuser au gouvernement les ressources nécessaires à la sécurité du territoire, à prendre des mesures en vue de combattre la crise « que le pays a dû

  1. Gedenkstukken, loc. cit., t. V, p. 709.