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sistance en 1790 de la Révolution française aux armées de la Prusse et de l’Autriche.

Crème fut livrée aux flammes après un siège de sept mois (1160). Milan se défendit héroïquement, pendant neuf mois et ne se rendit enfin (mars 1162) que sous l’étreinte de la famine et de la peste. Elle n’avait pas de pardon à attendre. Frédéric ne comprenait rien à la civilisation supérieure de ses ennemis. Il leur appliqua dans sa brutalité naïve le châtiment dont il eût frappé un « bourg » féodal qui se serait permis de lui tenir tête. Il fit raser la ville, comme s’il suffisait de raser une ville pour l’empêcher de renaître.

Cette victoire dut lui paraître d’autant plus décisive, qu’il venait d’en remporter, croyait-il, une autre sur la papauté. Adrien IV était mort (1er septembre 1159) et les cardinaux n’ayant pu s’accorder sur l’élection de son successeur, Alexandre III et Victor III s’attribuaient chacun la tiare et s’excommuniaient mutuellement. Admirable occasion pour l’empereur de s’imposer à l’Église en décidant, comme Henri III l’avait fait jadis, entre les compétiteurs. Il assembla un synode à Pavie et les évêques allemands et italiens qui s’y rendirent se prononcèrent naturellement pour Victor, Alexandre n’étant autre que l’insolent Rolandi (février 1160) et la majorité du conclave ayant voulu affirmer en l’élisant sa politique anti-impériale. Mais Frédéric put s’apercevoir aussitôt que l’Europe n’était pas plus disposée que les villes lombardes à se plier à ses volontés. Toute la catholicité se groupa autour d’Alexandre et, malgré les prières que l’empereur daigna leur adresser, les rois de France et d’Angleterre restèrent inébranlables. Pourtant l’empereur s’obstina. Victor IV étant mort, il fit élire Pascal III (20 avril 1164), prolongeant ainsi par orgueil un schisme dont il ne pouvait plus rien espérer.

Il eut du moins la satisfaction de conduire son pape à Rome, pendant qu’Alexandre était réfugié en France (1167) et de proclamer la souveraineté de l’Empire sur la ville. Puis il fallut repasser les Alpes au plus tôt, la peste s’étant mise dans l’armée.

L’état de l’Italie était plus menaçant que jamais. La terreur employée contre les villes lombardes n’avait fait que les enflammer d’une passion plus âpre. Elles s’étaient étroitement unies au pape et avaient donné non nom à Alexandrie. Milan se relevait de ses ruines et reconstruisait son enceinte. Tout était à recommencer. Une nouvelle campagne s’ouvrit en 1174, qui se traîna d’abord dans des sièges et se termina brusquement, le 29 mai 1176, par la bataille