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péril par un véritable encerclement. Et à cela s’ajoutait le danger couru par son expansion en Italie, où François Ier venait de reconquérir le Milanais sur le champ de bataille de Marignan (septembre 1515).

La mort de Maximilien en 1519 rendait la situation encore plus redoutable. Charles ne pouvait manquer en effet de poser sa candidature à l’Empire qui, depuis Albert d’Autriche, n’était plus sorti de la maison de Habsbourg. François mit tout en œuvre pour détourner les électeurs de ce trop puissant rival et les amener à donner leurs voix soit à lui-même, soit au moins à Frédéric de Saxe. Mais les Médicis ne purent lui fournir autant d’argent que les Fugger en avancèrent à Charles. Les électeurs étant à l’enchère se vendirent au plus offrant. Le 28 juin 1519, la banque allemande ayant acheté tous leurs suffrages, ils accomplirent le marché et passèrent livraison de la couronne d’Allemagne au roi d’Espagne.

Dès lors, la guerre était certaine. Elle éclata en 1521, sur les frontières des Pays-Bas tout d’abord, où Henri VIII vint joindre ses troupes à celles de Charles, puis elle se transporta en Italie et ne s’interrompit que par l’éclatante défaite du roi de France à Pavie (25 février 1525). Tombé aux mains de son ennemi, François finit par consentir à la Paix de Madrid (14 janvier 1526). Mais il était bien décidé à ne pas en tenir compte et à reprendre les armes. Sa défaite avait rendu sa situation beaucoup meilleure. La victoire de Charles épouvantait tout le monde et la France apparaissait maintenant comme le champion de la liberté de l’Europe. Le pape Clément VII, pour affranchir l’Italie du joug espagnol se rapprochait d’elle et, après le sac de Rome par les bandes allemandes de l’empereur, entrait formellement dans son alliance. Henri VIII agissait de même s’apercevant trop tard qu’il n’avait été dans la campagne précédente qu’un instrument de l’hégémonie habsbourgeoise. Enfin l’explosion du protestantisme en Allemagne et l’invasion des Turcs en Hongrie assuraient la neutralité de l’Empire. L’équilibre était rétabli. En 1529, la Paix de Cambrai rendait la Bourgogne à la France, qui renonçait de son côté à sa suzeraineté périmée sur la Flandre et l’Artois ainsi qu’à ses prétentions sur l’Italie. Les deux adversaires n’attendaient d’ailleurs qu’une nouvelle occasion de recommencer la lutte. L’attitude des princes luthériens y encourageait le roi de France ; il n’hésita même pas à conclure en 1546 un traité avec Soliman II. Ainsi, contre le roi catholique qui venait de violer Rome, le roi très chrétien s’unissait aux hérétiques