Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/121

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les unes des autres comme les hommes diffèrent entre eux. On peut cependant les répartir par familles, les grouper conformément à certains types généraux. Et ces types eux-mêmes se ressemblent par leurs traits essentiels. Il n’est donc pas irréalisable de décrire, comme on essayera de le faire ici, l’évolution de la vie urbaine dans l’Occident de l’Europe. Le tableau que l’on obtiendra ainsi présentera nécessairement quelque chose de trop schématique. Il ne conviendra exactement à aucun cas particulier. On n’y trouvera que les caractères communs, abstraction faite des caractères individuels. Les grandes lignes seules apparaîtront comme dans un paysage contemplé du haut d’une montagne.

Le sujet, d’ailleurs, est moins compliqué qu’il ne pourrait sembler à première vue. Il est inutile, en effet, dans un exposé de l’origine des villes européennes, de tenir compte de l’infinie complexité qu’elles présentent. La vie urbaine ne s’est développée tout d’abord que dans un nombre assez restreint de localités appartenant à l’Italie du Nord ainsi qu’aux Pays-Bas et aux régions voisines. C’en sera assez que de s’en tenir à ces villes primitives, négligeant les formations postérieures qui ne sont en somme, quel qu’en puisse être l’intérêt, que des phénomènes de répétition[1]. Encore accordera-

  1. Les villes les plus importantes pour l’étude de l’origine des institutions urbaines sont évidemment les plus anciennes ; c’est là que la bourgeoisie s’est constituée. C’est une faute de méthode que de chercher à expliquer celle-ci en s’appuyant sur des villes de formation postérieure et tardive comme celles de l’Allemagne d’Outre-Rhin. Il est aussi impossible d’y surprendre les origines du régime municipal qu’il le serait de rechercher les origines du système féodal dans les Assises de Jérusalem.