Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/122

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t-on dans les pages suivantes, une place privilégiée aux Pays-Bas. C’est qu’en effet, ils fournissent à l’historien sur les premiers temps de l’évolution urbaine, des lumières plus abondantes qu’aucune autre région de l’Europe occidentale.

L’organisation commerciale du Moyen Âge, telle qu’on s’est efforcé de la décrire, rendait indispensable l’établissement à poste fixe des marchands-voyageurs sur qui elle reposait. Dans les intervalles de leurs courses et surtout pendant la mauvaise saison qui rendait la mer, les fleuves et les chemins inabordables, ils devaient nécessairement s’agglomérer en certains points du territoire. Ce fut naturellement dans les endroits dont le site facilitait les communications et où ils pouvaient en même temps mettre en sécurité leur argent et leurs biens, qu’ils se concentrèrent tout d’abord. Ils se portèrent donc vers les cités ou vers les bourgs qui répondaient le mieux à ces conditions.

Le nombre en était en somme considérable. L’emplacement des cités leur avait été imposé par le relief du sol ou la direction des cours d’eau, bref par les circonstances naturelles qui précisément déterminaient la direction du commerce et dirigeaient ainsi les marchands vers elles. Quant aux bourgs, destinés à s’opposer à l’ennemi ou à fournir un abri aux populations, on n’avait pas manqué d’en construire aux endroits dont l’accès était particulièrement facile. C’est par les mêmes routes que passent les envahisseurs et que s’acheminent les marchands, et il en résulta que les forteresses élevées contre ceux-là, s’adaptaient excellemment à attirer ceux-ci vers leurs murailles. Il arriva ainsi que les premières agglomérations com-