Page:Pirenne - Les Villes du Moyen Âge, 1927.djvu/133

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Les agglomérations marchandes se caractérisent, à partir du xe siècle, par une croissance ininterrompue. Par là, elles présentent le plus violent contraste avec l’immobilité dans laquelle persistent les cités et les bourgs au pied desquels elles se sont fixées. Elles attirent continuellement à elles de nouveaux habitants. Elles se dilatent d’un mouvement continu, couvrant un espace de plus en plus vaste, si bien qu’au commencement du xiie siècle, dans bon nombre d’endroits, elles enserrent déjà de toutes parts la forteresse primitive autour de laquelle se pressent leurs maisons. Dès le commencement du xie siècle, il est devenu indispensable de créer pour elles de nouvelles églises et de répartir leur population en paroisses nouvelles. À Gand, à Bruges, à Saint-Omer et dans bien d’autres endroits, des textes signalent la construction d’églises dues souvent à l’initiative de marchands enrichis[1]. Quant à l’aménagement et à la disposition du faubourg, on ne peut s’en faire qu’une idée d’ensemble à quoi manque la précision des détails. Le type original est partout très simple. Un marché, établi au bord du cours d’eau qui traverse la localité ou bien au centre de celle-ci, est le point de jonction des rues (plateae)

    mandes. Suivant les circonstances locales, les marchands et les artisans immigrés se sont agglomérés de façons diverses. Je ne puis ici qu’indiquer les grandes lignes du sujet. Voir les observations de N. Ottokar, Opiti po istorii franzouskich gorodov, p. 244 (Perm, 1919).

  1. En 1042, l’église des bourgeois à Saint-Omer est construite aux frais d’un certain Lambert qui est plus que probablement lui-même un bourgeois de la ville. A. Giry, Histoire de Saint-Omer, p. 369 (Paris, 1877). En 1110, la Capella d’Audenarde est élevée par les cives. Piot, Cartulaire de l’abbaye d’Eename, nos 11, 12.