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qu’ils exportaient. Ils organisèrent et dirigèrent eux-mêmes des ouvroirs où elles étaient foulées et teintes. Au xiie siècle ils étaient parvenus à les rendre sans rivales sur les marchés de l’Europe pour la finesse du tissu et la beauté des couleurs. Ils en augmentèrent aussi les dimensions. Les anciens « manteaux » (pallia) de forme carrée qu’avaient fabriqués jadis les tisserands du plat-pays, furent remplacés par des pièces de drap d’une longueur de 30 à 60 aunes, d’une confection plus économique et d’une exportation plus commode.

Les draps de Flandre devinrent ainsi l’une des marchandises les plus recherchées du grand commerce. La concentration de leur industrie dans les villes, resta jusqu’à la fin du Moyen Âge la source essentielle de la prospérité de celles-ci et contribua à leur donner ce caractère de grands centres manufacturiers qui confère à Douai, à Gand ou à Ypres une originalité si marquée.

Si la draperie a joui en Flandre d’un prestige incomparable, elle est bien loin, naturellement, de se restreindre à ce pays. Quantité de villes du Nord et du Midi de la France, de l’Italie, de l’Allemagne rhénane s’y sont adonnées aussi avec succès. Les draps ont alimenté plus que tout autre produit fabriqué le commerce du Moyen Âge. La métallurgie a joui d’une importance beaucoup moindre. Elle se réduit presque exclusivement au travail du cuivre, auquel un certain nombre de villes, parmi lesquelles il faut citer particulièrement Dinant dans la vallée de la Meuse, doivent leur fortune. Mais quel que soit d’ailleurs le genre d’industrie, partout il obéit à cette loi de concentration que nous avons constatée de si bonne heure en Flandre.